Une demande qui explose
Chaque année d’ici 2035, près de 100 000 postes supplémentaires devront être pourvus dans les métiers scientifiques : environ 37 000 pour les ingénieurs et bac +5, et 58 000 pour les techniciens. Ces projections tiennent compte d’un scénario jugé réaliste de réindustrialisation et d’accélération des transitions technologiques et environnementales.
Or, même en intégrant une part de reconversions professionnelles (25 % pour les bac +5, 50 % pour les bac +2/3), près de 60 000 nouveaux diplômés seront nécessaires chaque année pour combler l’écart. L’offre actuelle de formation ne permet pas de répondre à ce besoin.
Un vivier en recul
Le rapport pointe un double problème : le nombre d’étudiants dans les filières scientifiques diminue, de surcroit dans un contexte de baisse démographique marquée : avec 97 000 élèves en moins dès 2025 dans les écoles, la chute du nombre de bacheliers est estimée à 20 % d’ici 2042. Moins de jeunes, moins d’inscrits, moins de diplômés. Les écoles d’ingénieurs, les BTS et les BUT constatent déjà une baisse de fréquentation.
S’ajoute à cela une faible mixité, avec une sous-représentation persistante des femmes dans la plupart des spécialités. Cette désaffection globale, combinée au recul démographique, crée un effet ciseaux préoccupant.
Agir sur l’éducation et l’orientation
Le rapport identifie l’insuffisante orientation vers les filières scientifiques comme un facteur central. En 2023, seuls 1,3 % des élèves de terminale ont choisi l’association Mathématiques et Sciences de l’ingénieur, contre 20 % pour le duo Mathématiques–Physique-Chimie. Une réhabilitation des sciences dès le primaire est dès lors proposée, ainsi qu’un rôle plus affirmé des lycées dans l’orientation.
La féminisation reste également limitée, avec 30 % de femmes en cycle ingénieur, et des taux très faibles dans certaines spécialités comme l’informatique (18 %) ou l’électronique (20 %). Aussi, l’Institut explore-t-il les possibilités de fixer un objectif de 40 % de jeunes femmes dans les écoles d’ingénieurs, ou de s’inspirer des stratégies d’ouverture internationale, notamment en doublant le nombre d’étudiants étrangers.
Repenser l’organisation des formations
L’Institut Montaigne recommande de porter à 25 % la part des formations universitaires dédiées aux sciences et à l’ingénierie, via une réallocation des moyens internes. Selon le rapport, cela permettrait la création de 66 000 places supplémentaires en licence et master scientifiques. Le rapport propose également de renforcer les liens entre universités et entreprises pour rendre les cursus plus professionnalisants.
Autre piste explorée : revaloriser les filières bac +2 et bac +3 avec une nouvelle appellation comme « Bachelor en sciences de l’ingénierie », et faciliter l’accès au titre d’ingénieur en cours de carrière via un ajustement du référentiel CTI. Objectif : élargir les voies d’accès aux fonctions techniques à responsabilité.
Lien vers le rapport : urlr.me/gDQTcW